Deux convalescents pour une place en demi-finale !

Cela va être chaud très chaud entre le Portugal et l'Angleterre !

Luis Figo et Cristiano Ronaldo contre David Beckham et Wayne Rooney, Luiz Felipe Scolari contre Sven Goran Eriksson, le Portugal contre l'Angleterre: deux mondes vont s'affronter pour le premier quart de finale de l'Euro. Plus besoin de calculettes et plus de droit à l'erreur. Le premier tour est terminé et jeudi soir, l'une de ces deux équipes sera éliminée, à la fin du temps réglementaire, au but en argent ou, pire encore, aux tirs au but. «Cela peut être notre année», prédit Steven Gerrard, l'un des meilleurs Anglais depuis le début du tournoi. «Ce sera une épopée, une bataille», répond Scolari, qui, avec le Brésil, avait éliminé l'Angleterre d'Eriksson en quarts de finale du Mondial avant d'être sacré champion du monde.

Pourtant, ni le Portugal, pays organisateur, ni l'Angleterre n'a totalement convaincu au premier tour.Les Anglais n'ont plus qu'un nom à la bouche: Rooney. A 18 ans, l'attaquant d'Everton est leader du classement des buteurs (4) grâce à deux doublés successifs, contre la Suisse (3-0) puis la Croatie (4-2), et est sans conteste la révélation de l'Euro. Mais après ? Beckham a été quelconque, Michael Owen n'a pas encore marqué (mais fait marquer) et la défense a concédé quatre buts (tous sur phases arrêtées). Autant de lacunes à combler pour l'Angleterre, dont le milieu regorge cependant de talent avec Lampard, Scholes et Gerrard.

Les Portugais, eux, ont déçu en perdant d'entrée contre la Grèce (1-2), avant d'évacuer ce traumatisme à la hargne en écartant la Russie (2-0) puis l'Espagne (1-0). Deux matches lors desquels Scolari a révolutionné la sélection, reléguant sur le banc Rui Costa et Fernando Couto, capitaine aux 109 sélections, et titularisant cinq joueurs du FC Porto, Costinha, Maniche, Nuno Valente, Deco et Ricardo Carvalho. Et quatre ans après la défaite en demi-finale de l'Euro 2000, l'Euro organisé chez lui est sans doute la dernière chance pour Luis Figo de remporter un titre en sélection. «Si nous gagnons, nous aurons atteint notre premier objectif et pourrons aborder les échéances suivantes plus tranquillement», martèle Scolari, qui devrait titulariser le buteur providentiel du match contre l'Espagne, Nuno Gomes (auteur de son premier but en sélection contre l'Angleterre au premier tour de l'Euro 2000) en raison de la suspension de Pauleta.

Scolari qui insiste sur le fait que Rooney n'est pas le seul adversaire de son équipe: «C'est toute l'Angleterre qui me préoccupe. Il nous faudra la même concentration et la même détermination que face à l'Espagne».

Côté anglais, on estime à l'inverse que trois Portugais sont plus dangereux que les autres. «Deco est un très bon passeur et avec Figo et Cristiano Ronaldo sur les ailes, moi et Ashley (Cole) devrons être à notre meilleur niveau», prévient le défenseur Gary Neville. Cole, lui, a trouvé un moyen tout anglais de stopper Cristiano Ronaldo: «Lors d'un Arsenal - Manchester United, je l'ai taclé un peu durement et, très franchement, on ne l'a plus vu du match».

Enfin, le public pourrait être un facteur déterminant. En principe, la Selecçao joue à domicile, mais selon la presse locale, les supporters anglais pourraient être les plus nombreux jeudi, même si certains Portugais ont dormi dans la rue pour acheter mercredi matin les 500 derniers billets disponibles. Cela n'effraie pas Scolari: «Même si nous avions un seul supporteur dans le stade face à 64.999 Anglais, je lui demanderais quand même de nous soutenir de toute son âme et de faire plus de bruit qu'eux».