Grèce - Rép. Tchèque (détail)
Défense de fer vs attaque d'érain
Grèce - Rép. Tchèque. Dans ce duel pour le moins inattendu, qui prendra le dessus? Les paris sont ouverts
PORTOL'inattendue demi-finale de l'Euro 2004 entre la Grèce d'Otto Rehhagel et sa défense de fer et la République tchèque de Milan Baros et son attaque de feu réunit deux équipes que tout oppose, jeudi au stade du Dragon de Porto. Grecs et Tchèques ne partagent sans doute qu'une chose, un même objectif: une place en finale, dimanche à Lisbonne. Un sommet déjà atteint par les Tchèques, en 1976 (victoire de la Tchécoslovaquie sur la RFA) puis en 1996 (défaite contre l'Allemagne). Pour les Grecs, qui n'avaient jamais gagné un match de leur histoire dans une phase finale de Mondial ou d'Euro, il s'agirait en revanche d'une première. Et d'une sacrée surprise.
«Nous y croyons », assure le défenseur Mihalis Kapsis. «On peut aller en finale. » «On n'a rien à perdre, renchérit le milieu de terrain Giorgos Karagounis. «Mais c'est une occasion énorme pour le football grec, il ne faut pas la manquer. »
La Grèce, après avoir battu le Portugal (2-1) en match d'ouverture puis la France (1-0) en quarts de finale, en éliminant au passage l'Espagne (1-1), ne veut pas lâcher maintenant, si près de l'Olympe.
Rehhagel et ses hommes ont identifié le danger principal à museler côté tchèque: Milan Baros, meilleur buteur de la compétition (5 réalisations), auteur de deux des trois buts contre le Danemark (3-0) en quarts. Pour le priver de munitions, il faudra aussi aller chercher le ballon dans les pieds de Nedved, Rosicky et Poborsky, les talentueux pourvoyeurs tchèques.
«Baros? Je ne sais pas si c'est le meilleur attaquant du tournoi », lance Kapsis. «Mais on sait qu'il va falloir le surveiller. »
«Je ne vais évidemment pas vous dire comment on va faire », ajoute le sélectionneur Otto Rehhagel. «Mais on va mettre en place un système précis. » Comme d'habitude, serait-on tenté d'ajouter, en songeant aux difficultés rencontrées par Zidane, Henry, Raul, Deco ou Figo face aux Hellènes.
Les Tchèques seront-ils plus inspirés? Parfois ballottés, menés trois fois au score au 1er tour et à la peine en première période contre les Danois, ils leur a jusqu'ici suffi d'accélerer après la pause pour affoler les défenses. «On n'attend pas de savoir si notre adversaire va marquer », racontait le gardien tchèque Petr Cech après les quarts. «Mettre la pression sur lui, c'est comme ça que vous vous créez des occasions. On a les joueurs pour. »
«Cela va être très dur de les battre », redoute Baros. «Mais si nous marquons le premier but, ils vont devoir jouer et on aura davantage d'espaces devant. » Les démonstrations contre les Pays-Bas (3-2), l'Allemagne (2-1) - avec une équipe bis - puis le Danemark, ont en tout cas fait des Tchèques, vainqueurs quatre fois en quatre matches, les grands favoris de cette demi-finale.
«Favoris? Peut-être, répond simplement le milieu de terrain Jaroslav Plasil. Mais on essaie d'oublier et pour le moment ça marche. »
Karel Brueckner, en homme d'expérience, préfère rappeler que les Grecs ont bénéficié de deux jours de repos supplémentaires. Mais le sélectionneur tchèque, privé du défenseur Martin Jiranek (adducteurs), sait que son équipe va devoir diriger les débats pour ne pas, comme la France, se laisser bercer par le rythme, digne d' »un match amical » (dixit Cech), imposé par les Grecs.
Pavel Nedved, lui, devra en plus éviter de se laisser provoquer. Déjà averti contre le Danmark, le ballon d'Or 2003 manquerait une éventuelle finale en cas de nouveau carton jaune. Une donnée avec laquelle les Grecs vont sans doute essayer de jouer pour mettre la pression sur le capitaine tchèque