Italie (Groupe C)
				Savoir gérer les stars (12/06/2004)
 La rivalité entre le   Romain Francesco Totti et le Turinois Alessandro del Piero, plus   vive aujourd'hui sur le plan de l'image que sur le terrain lui-même,   est la principale clé à résoudre pour l'Italie pour espérer briller   au Portugal lors de l'Euro 2004 de football. 
«L'Italie est unie »: plus qu'un constat, la déclaration du   capitaine Fabio Cannavaro, jeudi, ressemblait à s'y méprendre à un   ordre visant à ramener un peu de calme dans la maison «azzurra ». Car les éloges adressés par le sélectionneur Giovanni Trapattoni   à Totti, peu goûtés par Del Piero, ont allumé un feu rapidement   attisé par la presse italienne, ce qui ne représente pas la   préparation idéale avant de débuter contre le Danemark (groupe C),   lundi à Guimaraes (nord). 
Trapattoni, sitôt la sélection italienne installée à Lisbonne,   mardi, avait en effet qualifié Totti de joueur «unique », «meilleur   que Zidane », capable de faire gagner l'Italie à lui tout seul. 
Del Piero, selon des propos rapportées par Tutto sport et la   Gazzetta dello sport, avait moyennement apprécié ce commentaire   personnalisé du «Trap ». «Totti a un rôle important dans la   sélection, mais ici au Portugal, nous sommes tous égaux », s'était   empressé de rappeler le joueur de la Juve. La rivalité est ancienne entre les deux virtuoses du football   italien. En 2000, lors de l'Euro, puis en 2002, au Mondial   asiatique, les deux hommes s'étaient livrés à une concurrence féroce   pour le poste de N.10. Les deux fois, Totti fut préféré, Del Piero   se contentant d'un frustrant rôle de «joker de luxe ». 
Dans le système actuel de Trapattoni (4-2-3-1), cette   concurrence n'existe pourtant plus. Totti est désormais l'unique   dépositaire du jeu italien, en milieu axial, propulsé chef   d'orchestre et boîte à idées de la «Squadra ». Un rôle où il a   excellé toute la saison à la Roma mais où il cherche encore une   consécration internationale. Dans ce schéma, Del Piero, dont la saison a été un peu gâchée   par les blessures, évolue désormais milieu gauche. Son éventuel   concurrent à ce poste n'est donc pas Totti mais plus sûrement un   autre joueur de la Roma, l'intrépide Antonio Cassano (21 ans). 
Rien n'empêche donc, a priori, Totti et Del Piero de s'épanouir   dans un système où chacun a sa place derrière l'attaquant de pointe   Christian Vieri. Mais le fossé semble plus difficile à combler sur   le plan médiatique. 
En termes d'image, tout oppose en effet Totti, 27 ans, né dans   un quartier ouvrier de Rome et estampillé «Roma » depuis toujours, et   Del Piero, 29 ans, «golden boy » du Nord riche et industriel et plus   gros salaire de la Serie A. Deux icônes de l'Italie moderne dont les   publicitaires raffolent. 
Selon un récent sondage, cité jeudi par la Gazzetta dello sport,   Del Piero reste d'ailleurs le joueur le plus représentatif du   football italien devant... Totti. «Trapattoni n'aurait sans doute   pas voté pour moi, mais chacun ses goûts », a malicieusement commenté   le Turinois, comme pour rappeler que, sur ce plan-là, il reste N.1. 
Les deux hommes vont maintenant devoir faire taire leurs   divergences pour, comme le réclame Cannavaro, faire gagner «l'Italie   unie ».