Un Euro 2004 sur des roulettes
L'étroite collaboration entre le Portugal, qui a su relever le défi d'un immense chantier, et l'Union européenne de football (UEFA) a débouché sur un Euro 2004 aux rouages parfaitement huilés avec, comme cerise sur le gâteau, l'inespérée performance de l'équipe locale.
Ce Championnat d'Europe des nations marquait le retour à un seul pays organisateur après l'expérience de l'Euro-2000 que s'étaient partagé les Pays-Bas et la Belgique et avant celui de 2008, déjà attribué à la Suisse et à l'Autriche. Conscient des problèmes que pose un cahier des charges de plus en plus important pour organiser cette compétition, l'UEFA doit en effet soit s'impliquer directement dans l'organisation ou la répartir entre deux pays.
Au Portugal, les organisateurs locaux ont tenu leurs promesses aussi bien au niveau des infrastructures, qui ont séduit tous les visiteurs, que de la sécurité. Les dix stades se sont tous avérés être aussi fonctionnels que colorés et les organisateurs ont su éviter le gigantisme qui les aurait transformés en inutiles oeuvres d'art. La sécurité a été à la hauteur de l'événement. Les forces de l'ordre portugaises ont su faire face avec efficacité aux habituels débordements des supporteurs anglais, jugés en comparution immédiate, condamnés et aussitôt expulsés. En revanche, elles ont su fermer les yeux, souvent le sourire aux lèvres, devant les bruyantes manifestations de joie du peuple portugais. «Le Portugal n'avait pas connu une telle liesse depuis la révolution des oeillets en 1974 », estime d'ailleurs l'ancien international Paulo Futre.
De son côté, l'UEFA a apporté son expérience. L'arbitrage, habituelle source de virulentes polémiques, comme au Mondial-2002, a cette fois presque été exemplaire. Le but refusé aux Anglais par le Suisse Urs Meier (les images lui donnent raison) a bien sûr fait les choux gras des tabloïdes anglais mais aucune faute non sanctionnée n'a eu d'influence directe sur le résultat d'une rencontre. Il est vrai que c'est la première fois que l'arbitre de champ et ses deux assistants étaient de la même nationalité et parfaitement rodés à évoluer ensembles.
Par ailleurs, l'utilisation de la vidéo a permis de sanctionner l'Italien Francesco Totti et le Suisse Alexander Frei, coupables d'avoir craché sur un adversaire. Mais l'UEFA, suivant en cela les directives de la Fédération internationale (FIFA), exclue toujours d'utiliser la vidéo pour modifier des décisions arbitrales, même erronées.
Enfin, tous les contrôles antidopage réalisés se sont avérés négatifs. Les analyses urinaires, permettant de détecter l'EPO, étaient effectuées au Portugal sous le contrôle de Martial Saugy, directeur du laboratoire de Lausanne et considéré comme le plus grand spécialiste européen en la matière. Seul l'attaquant croate Ivica Olic avait subi un contrôle antidopage positif (méthylprednisolone, un corticostéroïde antidouleur) après le match contre la France au 1er tour (gr.B) mais n'avait pas été sanctionné, l'UEFA estimant que la faute incombait aux médecins du joueur qui n'avaient pas respecté la procédure.
L'UEFA a mis l'accent sur le fait que c'était la première fois que les seize équipes qualifiées pour la phase finale faisaient l'objet de «contrôles aussi rigoureux ». A chaque match, deux joueurs de chaque équipe étaient tirés au sort cinq minutes avant la fin de la rencontre pour satisfaire aux exigences du contrôle dès la fin du match. La grande fête du football européen a ainsi tenu toutes ses promesses et mis en jambes un milliard environ de téléspectateurs avant les jeux Olympiques d'Athènes