Le Portugal n'a pas lésiné sur les moyens pour l'Euro 2004 : la compétition, plus gros évènement sportif jamais organisé dans le pays, se déroulera dans dix stades, dont sept entièrement neufs et trois rénovés. Les dix stades, tous inaugurés à l'occasion des rencontres amicales préparatoires notamment, peuvent accueillir 379.000 personnes au total, soit près de 4% de la population du pays. Le développement promis des infrastructures sportives avait emporté la décision en faveur du Portugal pour l'organisation du Championnat, alors qu'il se trouvait en concurrence avec l'Espagne et avec une proposition conjointe de l'Autriche et de la Hongrie. Quelque 650 millions d'euros ont été dépensés pour construire ou rénover les dix stades et aménager des parcs de stationnement. Le Portugal a fait appel à des architectes de renom, l'ouvrage le plus spectaculaire étant celui du stade de Braga (nord) pour lequel il a fallu dynamiter plus d'un million de mètres cubes de granite. Près de la moitié de l'investissement a été supportée par les clubs de football portugais (47%), les collectivités locales (37%), le budget de l'Etat et le Fonds européen de développement couvrant le reste. Le choix de construire ou de rénover dix stades, opéré sous le précédent gouvernement socialiste, a cependant été critiqué. «Pour ma part, je n'aurais pas fait dix stades», se plaît à répéter le Premier ministre de centre droit José Manuel Durao Barroso. Lors de la précédente édition en 2000 en Belgique et aux Pays-Bas, la compétition ne s'était déroulée que dans huit stades. Mais le gouvernement n'en a pas moins scrupuleusement respecté les engagements pris. Les retombées en termes d'infrastructures sont également importantes, si l'on y ajoute la construction d'accès routiers, l'aménagement des aéroports ou des hôpitaux ou encore l'électrification de la ligne ferroviaire entre Lisbonne et l'Algarve (sud) afin d'en accroître la vitesse. De nouveaux hôtels sont sortis de terre pour accueillir le demi-million de touristes supplémentaires attendus durant l'Euro. Rien qu'à Lisbonne six nouvelles unités hôtelières sont inaugurées à quelques semaines du début de la compétition. Au total la facture globale est estimée par le gouvernement à quelque 4 milliards d'euros. Toutes les nouvelles infrastructures promises ne seront toutefois pas au rendez-vous. Certains ouvrages ne seront terminés que l'an prochain, à l'image d'une autoroute entre la ville de Braga (nord) et le littoral ou de la rénovation de la gare d'Aveiro (nord). «Nous avons fait tout ce que nous pensions être essentiel», se défend le ministre adjoint au Premier ministre Jose Luis Arnaut, qui supervise les préparatifs. Reste à savoir ce que deviendront les stades flambants neufs après l'Euro 2004, en dehors des deux principales villes, Lisbonne et Porto. La publication de trois quotidiens sportifs avec des tirages élevés témoigne de la passion des Portugais pour le football, mais la présence dans les stades n'est pas à l'unisson. Le nombre moyen de spectateurs aux matches de première division a atteint 6.137 durant la saison 2002-2003, en baisse de 9,3% par rapport à l'année précédente, selon la Fédération portugaise de football. Seules les trois équipes phare - FC Porto, Benfica Lisbonne, Sporting Portugal - remplissent les stades. En Algarve, première région touristique du Portugal mais qui ne compte aucun club en première division, les autorités locales comptent organiser des concerts et des spectacles dans le stade de 30.000 places. Mais toutes les régions ne bénéficient pas d'un tel afflux de touristes.